Jean Roulland, retentissant    
       
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   
 

 

 

CALAIS. L'exposition Jean Roulland au musée des Beaux-Arts , est une merveille. Elle investit l'ensemble du musée, des espaces temporaires aux espaces permanents et frôle les œuvres de Bacon Giacometti, Zoran Music.... Le large hall, baigné de lumière, qui accueille les visiteurs est à couper le souffle. Les figures de l'Apocalypse, issues d'une œuvre monumentale non-achevée, dérangent autant qu'elles émeuvent. Entre cri et douleur, entre mort sèche et momie, le travail sensible et libre de Jean Roulland est retentissant.

 

Près de 250 pièces dont la moitié sont des bronzes fondus sur cire perdue et auxquels sont ajoutés bois, tissus, objets...des terres cuites, des dessins nerveux, des pastels...Les œuvres présentées viennent de collections particulières et de prêts de galeries. Se promener dans le musée permet de bien embrasser l'étoffe imposante de l'artiste. Pour permettre d'encore mieux le percer, quatre lieux en région montrent simultanément d'autres travaux : la Piscine de Roubaix, le musée de l'Hospice de Comtesse de Lille, le LAM de Villeneuve d'Ascq et l'église de Nouvelle-Eglise dans la région d'Audruicq, là ou habite encore l'artiste. Quelle garnde fierté pour le Pas-de-Calais ! Collectionné en Belgique, au Japon, à Paris...Jean Roulland est un des derniers représentant du groupe de Roubaix.

 

Les gueules cassées

Si vous ne connaissez pas la différence entre joli et beau, filez découvrir Jean Roulland. Presque entièrement autodidacte, l'homme a toujours cru en l'impulsivité, en l'intégrité. Il n'a jamais créé pour plaire, pour vendre. Il a peint simplement les gens qu'il rencontrait, donnant la vérité de l'homme. Des hommes souvent cassés, comme les gueules de 14, dont son père est revenu en racontant l'horreur. Si l'on y ajoute les récits religieux de sa mère très pieuse, où se mêlent le diable et les démons, on comprend mieux ses représentations de squelettes sortis de l'enfer. Entre deux danses macabres, Jean Roulland s'attache aussi au primitivisme et à la mythologies. Il pose des ailes sur le dos de ses hommes. Chouettes, coqs mais aussi chats, chevaux, chiens...les animaux inspirent son attirance pour la métamorphose. Ses crânes et ses têtes sont cabossés, déformés, exacerbés, mais d'une noblesse infinie. Il a trouvé le sublime dans la difformité.

 

par M-P Griffon

Echo du Pas-de-Calais n°137 Septembre 2013

 

   
 

 

   
 

 

   
 

 

   
 

 

   
 

 

   
 

 

   
 

 

   
 

 

   
 

 

   
 

 

   
 

 

   
 

 

   
 

 

   
 

 

   
 

 

   
 

 

   
 

 

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